Quand les PME pensent la délocalisation : utilités et valeurs
Publié le 12 avril 2015–Mis à jour le 12 avril 2015
L’ouverture des marchés et diverses pressions de leur environnement contraignent les PME à travailler sur la question des prix et donc des coûts.
De plus en plus intégrées dans des chaînes de valeur complexes, elles sont dépendantes de clients et de donneurs d’ordre qui reportent sur elles la recherche de coûts de production moins élevés, allant jusqu’à leur imposer des modes d’organisation peu habituels.
Le choix stratégique de la délocalisation peut être à la fois nécessaire et redouté. Nous avons souhaité améliorer la compréhension de ce qui se passe dans les PME lorsque la réflexion sur une éventuelle délocalisation est engagée, qu’elle se solde ou pas par une délocalisation effective. Nous avons appuyé notre réflexion sur ce que dit la littérature scientifique des délocalisations, puis interrogé des dirigeants pour affiner la connaissance spécifique des PME.
Nous avons constaté que la réflexion sur la délocalisation s’accompagne dans les PME d’une réflexion plus globale sur la nécessaire amélioration de la performance. Ceci peut s’orienter sur la gestion stricto sensude la délocalisation qui implique un apprentissage de la gestion à distance, avec de nouvelles modalités de coordination et de contrôle des différents acteurs ; mais cela peut aussi s’orienter vers de nouvelles méthodes de gestion à l’intérieur de l’entreprise, sur le sol français. C’est ainsi que nous avons pu décrire dans ce chapitre les efforts menés quant à la mesure de la performance, l’organisation des gammes de produits, les méthodes d’approvisionnement, le développement de la formation et la volonté d’intégrer des réseaux pour enrichir l’information et la capacité d’action.
Nous avons aussi remarqué la préoccupation constante des dirigeants interrogés quant au maintien ou à la transformation en interne (par la formation) des emplois existants. Si la délocalisation est le plus souvent présentée comme une stratégie de compression de coûts (ce qu’elle est effectivement), elle peut aussi être source de développement, grâce à la meilleure compétitivité qu’elle introduit dans certaines entreprises par le
biais d’innovations diverses.
Mettre cette question de localisation au centre des stratégies d’innovation et d’internationalisation des PME françaises est plus encourageant que de l’associer systématiquement à des suppressions d’emplois. La mondialisation bouscule, et les PME agissent. En ouvrant les marchés, on a ouvert l’organisation des chaînes de production. Tout comme on encourage sans crainte les PME à se développer sur le marché international, il serait pertinent de leur donner les clés d’une participation à ces nouvelles organisations, autrement qu’en en subissant les contraintes.