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L’approche effectuale : une nouvelle façon de penser la décision stratégique dans la PME
Selon les époques, le type d’organisation, les contextes économiques et sociaux ou les référents théoriques, il existe une multitude de manières de définir ce qu’est – ou doit être – la stratégie pour une entreprise. En revanche, la manière de mettre en place une stratégie – le processus du management stratégique – est lui clairement établi.
en plus complexe pour le gestionnaire afin de l’aider à prendre en considération un nombre d’éléments et d’interactions toujours plus importants. Il s’agit ainsi de fournir un processus permettant de planifier la stratégie.
Historiquement, c’est par et pour les très grandes entreprises que le processus de planification stratégique s’est mis en place. Le développement d’outils comme les matrices de portefeuille ou la segmentation stratégique par exemple, ne sont que des illustrations de cette volonté d’aider les très grandes entreprises évoluant sur de nombreux marchés avec un portefeuille d’activités élargies. Se pose alors la question de la pertinence de la mobilisation de cette démarche d’établissement – et plus généralement, de formalisation – de la stratégie pour les petites et moyennes entreprises. Compte tenu de leurs spécificités comme leur dépendance accrue à leur environnement (du fait, par exemple, de leur fragilité économique), des choix stratégiques limités, des objectifs spécifiques (préservation d’un contrôle familial, attachement à un territoire, etc.), il est possible de se demander si une simple adaptation du modèle classique apparaît comme suffisante voire comme une démarche souhaitable. Un courant de recherche en entrepreneuriat a montré – il y a désormais plus de dix ans – qu’il existe une manière radicalement différente de penser la stratégie, et plus particulièrement, la manière de définir la stratégie. Il s’agit de l’approche effectuale développée par Sarasvathy (2001, 2008). Plutôt que de partir d’objectifs à atteindre pour ensuite définir les ressources nécessaires pour les atteindre et allouer les ressources de manière optimale, il est possible d’envisager un autre mode de raisonnement plus proche de la réalité rencontrée par les petites et moyennes entreprises. En effet, ces entreprises tendent à ne considérer que les ressources dont elles disposent et mènent leurs activités en fonction, sans se soucier d’objectifs généraux à atteindre. Cela correspond à l’approche dite « effectuale » (par opposition à l’approche traditionnelle, dite causale). Initialement utilisée pour décrire le fonctionnement de certains entrepreneurs, cette approche peut s’avérer particulièrement féconde pour appréhender le processus de décision stratégique des petites et moyennes entreprises. En effet, si des entreprises comme Total, General Motors ou Apple mettent en place un processus d’élaboration de la stratégie proche de celui imaginé par les premiers théoriciens à Harvard, il est plus réaliste de penser que les structures dirigeantes des petites et moyennes entreprises tendent à adopter un comportement proche de celui de certains entrepreneurs en suivant une approche effectuale. Dans ce chapitre, nous examinons dans un premier temps, la démarche de planification stratégique classique. Il s’agit ensuite d’en examiner les limites et les possibles remises en question. Dans un second temps, l’approche effectuale est présentée. Les implications que cette approche engendre pour la prise de décision en stratégie des petites et moyennes entreprises sont, à cette occasion, soulignées.
Mis à jour le 28 mars 2015
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Auteurs
Sébastien LIARTE
Professeur des Universités à l’Université de Lorraine et directeur du CEREFIGE
Hélène DELACOUR
Maître de conférences à l’Université de Lorraine et membre du CEREFIGE