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Défaillance des PME françaises : identification de seuils critiques à partir de fondamentaux économiques et financiers

Publié le 11 mars 2015 Mis à jour le 5 avril 2015

D’après la définition et la classification proposées par la loi de modernisation de l’économie1 (LME), une petite et moyenne entreprise2 (PME) comporte un effectif salarié inférieur à 250 personnes et présente soit un chiffre d’affaires inférieur ou égal à 50 millions d’euros, soit un total de bilan inférieur ou égal à 43 millions d’euros.

Pour être compétitive et ainsi pérenniser sa performance à long
terme (e.g. croissance, progression des parts de marché), une PME doit pouvoir
faire face à la concurrence tout en maintenant sa flexibilité financière à travers le
contrôle de ses flux financiers (e.g. flux de trésorerie tels que le cash-flow disponible3
et l’excédent de trésorerie d’exploitation). L’objectif consiste en le maintien
de la rentabilité de ses capitaux propres et la croissance de son chiffre d’affaires tout en conservant un degré de liquidité suffisant, c’est-à-dire en préservant sa
capacité à rembourser les dettes à court terme à partir des flux de liquidité générés
par son exploitation (Vernimmen et al., 2013). Lorsque l’équilibre financier
est rompu, cela peut aboutir à une situation de défaillance. Selon Ooghe et Van
Wymeersch (2005), la défaillance correspond au moment où l’entreprise ne parvient
plus à satisfaire ses objectifs économiques de façon continue.
En particulier, un déficit de ressources propres ainsi que de fortes contraintes
financières peuvent générer des difficultés financières. Par exemple, les PME
sont très exposées aux variations de revenus car leur niveau d’endettement souvent
important s’associe généralement à des frais financiers élevés qu’il faut
satisfaire en continu. Ainsi, les fluctuations du revenu financier menacent le service
de la dette, ou encore, la capacité de l’entreprise à apurer/rembourser les
dettes contractées. Par ailleurs, les PME peuvent subir une altération de leur
performance ou encore faire face à des imprévus menaçant leur activité. Ainsi,
les difficultés financières rencontrées par l’entreprise l’empêchent d’honorer ses
obligations contractuelles de dette, la menant ainsi à un défaut de paiement, à
savoir l’impossibilité de satisfaire une échéance de dette ou d’intérêts associés
(Combier et Blazy, 1998). Lorsque l’actif disponible devient insuffisant pour honorer
le passif exigible, l’entreprise se retrouve alors en situation de cessation des
paiements car il lui devient impossible d’honorer ses engagements de dette. Dans
ce cas, l’entreprise est dite en situation de défaillance auquel cas une procédure
de redressement judiciaire est ouverte à son encontre. Suite aux difficultés financières,
l’entreprise peut se retrouver soit en situation d’illiquidité, soit en situation
d’insolvabilité. En situation d’illiquidité, l’entreprise est temporairement incapable
de satisfaire ses échéances de dette à court terme tandis qu’elle se trouve dans
l’incapacité permanente de satisfaire de telles échéances lorsqu’elle se retrouve
en situation d’insolvabilité (e.g. vision de long terme mettant en cause la survie
de l’entreprise). En fonction de sa situation de solvabilité notamment, et à l’issue
de la procédure de redressement judiciaire (loi Badinter de 1985), l’entreprise
est soit redressée par continuation ou cession, soit liquidée via une procédure de
liquidation judiciaire (Combier et Blazy, 1998).
Selon Timmons et Spinelli (2004), les principales causes de la défaillance des
entreprises consistent en l’insuffisance des connaissances managériales, les difficultés
d’accès aux ressources financières et le climat défavorable des affaires.
Toutefois, la santé financière des PME dépend aussi des relations interentreprises.
Par exemple, la défaillance est souvent déclenchée via l’attitude des entreprises
envers leurs fournisseurs qui subissent des retards de délai de paiement aggravant leur situation. En outre, l’attribution de crédits bancaires repose sur
l’appréhension d’un certain nombre de risques dont le risque financier tel que
le levier d’endettement, le risque opérationnel, le risque commercial ainsi que le
risque associé à la gouvernance (Behr et Güttler, 2007 ; Fama et Jensen, 1983)
sans oublier les contraintes réglementaires pesant sur les banques et institutions
financières. Le niveau élevé du risque de défaillance des PME ainsi que les coûts
du crédit associés rendent l’accès difficile au financement par prêts bancaires,
ces derniers constituant un ballon d’oxygène en termes de ressources (e.g. fortes
fluctuations des flux de trésorerie). Le risque de défaillance étant souvent amplifié
par la conjoncture économique. Ainsi, les difficultés de financement des PME et
la carence consécutive en ressources menacent leur survie (Allen et al., 2006).
À la lumière de ces faits stylisés, nous proposons d’analyser l’évolution du nombre
des défaillances des PME françaises. En particulier, nous établissons des seuils
critiques associés à l’évolution du nombre de défaillances des PME françaises
sur la base de scénarios de risque prédéfinis, et en regard du contenu informationnel
d’indicateurs économiques et financiers bien choisis. Ces seuils de risque
permettent d’établir des signaux d’alerte lorsque le nombre des défaillances des
PME franchit les seuils critiques estimés, ces seuils critiques évoluant au cours du
temps pour un niveau de risque donné (i.e. analyse dynamique et non statique).
L’alerte ainsi déclenchée s’avère utile aux autorités concernées afin de prendre
les mesures de soutien et d’aide aux PME qui s’imposent. En effet, l’existence
des PME dont la survie est importante pour le tissu économique et la croissance
de la France, doit être préservée. Dans ce cadre, l’analyse proposée s’articule en
trois temps. Dans un premier temps, nous présentons le contexte général et les
déterminants majeurs de la défaillance d’entreprise ainsi que les indicateurs ou
encore fondamentaux sélectionnés. Ces derniers illustrant les faits stylisés de
la défaillance des PME en France (Timmons et Spinelli, 2004). Dans un second
temps, nous introduisons la méthodologie économétrique, à savoir la régression
quantile qui permet d’établir des seuils critiques dynamiques (i.e. variables dans
le temps). Puis, nous présentons les résultats associés. Enfin, dans un troisième
temps, nous proposons les conclusions propres à notre étude ainsi que leur portée
en matière d’aide au sauvetage et à la prévention de la défaillance des PME.

Mis à jour le 05 avril 2015