À la découverte d’un métier méconnu et difficile, dirigeant de PME en croissance
Publié le 1 mars 2015–Mis à jour le 28 mars 2015
Partant des résultats de travaux antérieurs qui démontrent à la fois que tous les dirigeants de PME n’ont pas l’intention de faire croître leur entreprise (Blatt, 1993) et que, lorsque les PME connaissent une croissance significative, des facteurs de croissance tels que les opportunités à saisir et les capacités de l’entreprise se conjuguent forcément avec une intention de croître des dirigeants (Orser et alii, 1998 ; Julien et Audet, 2006), nous cherchons à définir les mécanismes de formation de l’intention de
croître des dirigeants de PME.
Nous avons mené, à cet effet, une étude qualitative auprès de dirigeants de la région Rhône-Alpes. Ces dirigeants sont à la tête d’entreprises en croissance soutenue, parfois véritables gazelles de fondau sens de Picart (2006).
Quatre grands mécanismes de formation de l’intention de faire croître de façon durable leur entreprise chez les dirigeants de PME apparaissent à l’issue de l’analyse des données collectées. En premier lieu, l’intention de croître peut devenir une habitude, la croissance un sentier dont il est difficile de s’éloigner. En second lieu, avoir l’intention de croître c’est accepter de gérer la croissance et donc d’exercer un métier difficile. En troisième lieu, l’internalisation par les dirigeants de contraintes liées à la croissance s’avère être un mode de gouvernance spécifique dont ils se dotent et qui va guider leur intention de croître. Enfin et paradoxalement, les dirigeants, s’ils ont une grande confiance dans leurs capacités et celles de leur organisation à gérer cette croissance, ont également la crainte de tomber dans une trappe à croissance, compte tenu de la forte irréversibilité des choix stratégiques et organisationnels liés à celle-ci. Cette crainte pourrait expliquer que certains dirigeants n’ont pas l’intention de croître ou que ceux qui ont eu l’intention de croître, soient prêts à rompre leurs habitudes de
croissance, dès lors que leur entreprise atteint certains seuils. L’intention de croître apparaît ainsi fragile, susceptible d’être révisée rapidement, même lorsqu’elle est devenue une habitude chez ces dirigeants exerçant avec professionnalisme le métier de dirigeant de PME en croissance.